En Serbie, quand les moissons sont rentrées et les vignes vendangées, et que l’automne et l’hiver pointent leur nez, vient le temps de la slava. Cette fête religieuse qui rend
hommage au saint patron de la famille est essentiellement une fête conviviale. C’est sans doute aujourd’hui une des plus fêtées dans les familles serbes, après Noël mais plus que Pâques.
L’opinion prévaut aujourd’hui qu’il s’agit d’une survivance du paganisme slave quand chaque famille avait sa divinité protectrice. Comme beaucoup d’autres coutumes, elle a été intégrée et
réinterprétée par l’église orthodoxe serbe qui a revisité son folklore et ses origines. Elle a été codifiée au XIIIe siècle par Saint Sava, le fondateur de l’église orthodoxe autocéphale
serbe.
Près de la moitié des familles serbes fête Saint Nicolas le 19 décembre. Les autres se partagent 77 dates différentes, les plus fêtés étant les deux Saint George (Djurdjevdan le 6 mai et Djurdjic
le 16 novembre), suivi de la fête de l’Archange St Michel (21 novembre), de celles de Saint Jean (le 20 janvier), de Saint Dimitri le 8 novembre, et de Sainte Parascheva le 27 octobre.
Aucune invitation n’est jamais lancée pour cette fête. C’est à chacun de savoir quelles sont les familles qui honorent quel saint. Se rendre à une slava, c’est faire preuve d’un certain degré
d’intimité avec la famille. Nul besoin de préciser qu’il s’agit d’une fête patriarcale : la jeune fille qui se marie cesse de fêter le saint de la famille de son père et commence à honorer le
saint de son époux.
Pour célébrer la slava, trois ingrédients sont absolument nécessaires : une icône du saint patron de la famille, un gâteau de slava (slavski kolac) orné d’une croix et du zito
(blé moulu et mélangé avec du sucre et des noix hachées), auxquels il faut ajouter du vin et un cierge. Les plus croyants font venir le pope qui bénit le gâteau (symbole du corps du Christ) et
verse sur lui un peu de vin (symbole du sang du Christ). C’est alors qu’on rompt le gâteau en signe de cohésion. D’autres familles apportent le gâteau à l’église où il est béni. A l’époque
communiste, une grande partie des familles serbes fêtaient la slava en catimini, sans intervention de l’église ou du pope.
La fête dure plus d’un jour. Il faut préparer le gâteau, une sorte de brioche ronde, le zito, et le repas de fête qui sera avec viande ou sans selon que la date de la fête tombe ou non en période
de carême. Les plats traditionnels - la gibanica (feuilleté au fromage), l’ajvar (poivrons et piments pilés), le kajmak (crème du lait battue), et la sarma (feuilles de chou farcies avec ou sans
viande) – sont servis aux convives qui défilent toute la journée. Etant donné que beaucoup de slave ont lieu le même jour, il est rare que les convives restent plus d’une heure dans chaque
famille.
Il existait également des slave des écoles, des villages (avec procession) ou même des régiments, mais c’est une pratique qui s’est grandement perdue.
La tradition de la slava est spécifiquement serbe et n’existe pas dans les pays orthodoxes voisins comme la Bulgarie ou la Grèce. Elle a été inscrite en 2014 par l’Unesco sur la
liste représentative du patrimoine immatériel de l’humanité.