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La vallée des roses en Bulgarie

La vallée des roses en Bulgarie

Entre mai et juin, la rose de Bulgarie embaume les champs qui s’étendent à perte de vue au pied du mont Balkan. La vallée des roses de Bulgarie, située à Kazanlak, est si réputée que sa fleur bénéficie même d’un label d’indication géographique protégée délivré par la Commission Européenne. Sa présence dans la vallée est ancienne. Ce sont les Ottomans qui ont dominé le pays pendant plus de cinq siècles qui ont implanté cette fleur venue du Moyen-Orient au XVIIIe siècle. Elle appartient à la branche des Rosa Damascena (ou rose de Damas), une des fleurs les plus utilisées en parfumerie depuis l’Antiquité.

En Bulgarie, dans la Vallée des roses, où chaque année on fête leur éclosion par un Festival des roses, des cérémonies sont organisées pour renouer avec les traditions. Mais ces jolis paniers d’osier portés par des jeunes filles en fleur aux têtes couronnées de roses chantant sous le soleil printanier sont essentiellement des attractions pour les touristes. Dans la vie réelle, la cueillette ne s’effectue pas au grand soleil. Elle a lieu aux aurores avant que les rayons du soleil ne privent d’odeur les fleurs tant attendues. Ce sont des saisonniers qui font la cueillette, des paysans de la région et aussi beaucoup de tziganes, une main d’œuvre peu chère dans ce pays où cette communauté sédentarisée a toujours du mal à trouver sa place.

C’est un dur labeur car toute la cueillette dans la vallée des roses, qui ne dure que quelques semaines, se fait à la main. Cueilleurs et cueilleuses arrivent vers 5h du matin et s’enfoncent deux par deux dans les champs. A 9-10 h, c’est fini. Chaque binôme peut ramasser entre 20 et 35 kilos de pétales par  jour, qui leur sera payé entre 10 et 20 euros, une maigre somme certes, mais pas si insignifiante quand on la compare au salaire minimum bulgare qui est de moins de 200 euros par mois.

 

Le Festival de la rose dans la vallée des roses en Bulgarie

Ramassés dans des sacs plastique, les pétales sont rapidement envoyés vers une distillerie où on en extraie la précieuse huile essentielle ou essence de rose, dont raffolent les parfumeurs. Il faut 3,5 tonnes de pétales pour obtenir un seul litre d’huile essentielle.

Le processus de distillation de la rose de Kazanlak, qui dure environ une heure et demi, se fait à l’ancienne dans de grands alambics dans lesquels on ajoute de l’eau aux pétales et qu’on chauffe à 100 degrés. La vapeur se condense et après refroidissement sépare l’eau de l’huile. Ce n’est pas tant pour sa fragrance que les parfumeurs s’arrachent cette huile dont le prix varie de 5000 à 7000 euros le kilo que pour ses propriétés à faire ressortir la subtilité de tous les ingrédients qui entrent dans la composition d’un parfum et à fixer leur odeur. Avec une production annuelle d’environ 1.500 kilos d’essence rose, la Bulgarie est aujourd’hui un des plus grands producteurs mondiaux de cette huile essentielle.

Outre l’industrie du parfum, l’essence de la vallée des roses de Bulgarie est aussi largement utilisée dans celle des cosmétiques (sous forme de crèmes ou de savon) où on lui prête des vertus régénératrices, anti-inflammatoires et antioxydantes ainsi que dans certains produits alimentaires comme la confiture de roses ou la liqueur de roses. Si vous passez à Kazanlak, vous verrez un petit musée qui dispose d’une boutique où l’on peut acheter certains de ces produits locaux.

Hélène Despic

Directrice de Nouvel Est